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Prendre parole publiquement n’est pas une chose aisée. Bon! Vous vous dites peut-être que vous le faites avec les réseaux sociaux ou plus encore, en alimentant un blogue semi-anonyme. Ou encore mieux, en commentant des articles dans les médias. Peut-être même que vous envoyez des lettres ouvertes aux médias, parfois.
Tout ça peut être très louable, mais ce n’est pas comme prendre la parole publiquement. C’est-à -dire de prendre sa face et de la coller à côté d’un texte et d’un vidéo. C’est-à -dire monter sur une scène pour présenter quelque chose de son cru devant un public qui n’est là que pour te voir faire – on ne parle donc pas ici d’un karaoké, évidemment.
Ça n’a rien à voir non plus avec la fois où tu es allé dans la rue pendant une manifestation – bien que ce soit cool de le faire. Prendre parole publiquement, c’est prendre la décision de parler au nom d’une population et de vouloir la représenter. Parler pour un quartier en y associant sa face, son nom, ses tripes, ses convictions, ses couleurs et ses fragilités.
S’embarquer dans la Revengeance des duchesses, c’est prendre parole publiquement. C’est un saut dans le vide, avec tout ce que ça comporte. Il y a beau avoir beaucoup d’amour qui nous attrape au vol, cet amour-là n’est pas acquis et avant qu’il ne se pointe, il y a un vide et c’est dans ce vide que se sont lancées les duchesses. Un vide qui ouvre la porte à cet amour, mais aussi aux critiques, ou pire, sur rien. L’indifférence fait pas mal plus de mal à l’égo que les critiques. Ne rien provoquer lorsqu’on cherche à susciter une émotion, c’est un choc douloureux.
Depuis le début de cette aventure, je suis flabbergasté, comme dirait Saint-Jean-Bat’, par l’audace des duchesses. Vous vous êtes lancées, mes amies, dans le vide avec beauté et aplomb, même si vous étiez pleines de doutes.
Je tiens donc à saluer chacune de mes consœurs de la Revengeance.
Salut à toi, Vieux-Québec. Comme ton duché, il y a une part de mystère avec toi, avec ta culture mexicaine dont on est beaucoup trop ignare au Québec. Et comme ton duché, on a envie de connaitre ton histoire. Ton énergie est contagieuse, tu donnes envie de te suivre. Ta simplicité est charmante et ta façon de regarder les choses fait sourire, pas parce que c’est maladroit, mais parce que c’est sans malice, chaleureux et du cÅ“ur. Merci, Jïmena, de montrer que le Vieux-Québec n’est pas qu’un piège à touristes!
Salut à toi, Grand Portneuf. La région qu’on n’attendait pas et qu’on ignorait qu’il fallait absolument avoir dans l’aventure. Une duchesse qui montre que l’audace n’a pas d’âge, que l’art peut témoigner du monde, que la beauté peut se cacher dans les choses simples, que l’amour de son coin de pays peut être gourmand et qu’il est important de chérir les liens humains. Merci, Odile, de montrer que Portneuf est trop snobé par les gens de sa région (la Capitale-Nationale)!
Salut à toi, Lévis Beach. Derrière Alphonse et les apparences d’une banlieue tranquille se cachent finalement une belle folie et un sens du spectacle inné. Plus encore, Lévis ose et sait prendre d’assaut les pistes de danse et surprendre son public avec un amour-haine digne des films d’adolescents des années 90 ou de Watatatow. Ce qui manquait pour avoir envie d’aller à Lévis, ce n’est pas un troisième lien, c’était juste de piquer une jasette avec. Merci, Émily, de montrer que Lévis cache aussi du monde qui mérite qu’on prenne le bateau.
Salut à toi, Santa-Rocka. Un quartier si fort qu’il a besoin de deux duchesses. Et pas les moindres! Pourquoi deux duchesses? Parce qu’il faut témoigner du multiculturalisme de Saint-Roch. Parce qu’il faut nommer sa gentrification. Parce qu’il en faut des mots savamment écrits pour décrire toutes ses nuances. Parce que Bonhommette méritait ses talents! Merci, Plaquie, de nous avoir amenés dans ton Saint-Roch, un Saint-Roch très présent dans la réalité, mais trop oublié dans les médias.
Salut à toi, ÃŽle d’Orléans. La Revengeance m’aura permis de te fréquenter, et ça, j’en rêvais depuis longtemps. Et tu ne m’as pas déçue, île d’Orléans! Ton imagination est à la hauteur de ton histoire, riche! Tu as beau chialer contre les touristes, il n’en reste pas moins que ton cÅ“ur est tellement grand que derrière chaque soupir se cache une envie de prendre soin de l’autre. Et que dire de ton humour? Digne d’un enivrement de Bacchus! Merci, Karine, de me montrer que je ne suis pas allergique à tous les chats.
Salut à toi, Saint-Suave. Un quartier timide qui, pourtant, quand on se met à le connaitre, est tellement attachant. Un quartier aux multiples facettes. Derrière une image parfois sombre se cache pourtant plein de tendresse. Son militantisme peut donner des apparences de fermeté, mais c’est au contraire un quartier ouvert sur le monde – et d’une belle authenticité! Mais plus encore, le charme de Saint-Suave est dans les petits détails! Merci, Estelle, de nous avoir fait rêver Saint-Sauveur.
Salut à toi, Rock City. L’autre moitié de Saint-Roch. Ai-je dit moitié? Non! Pas de demi-mesure avec Rock City! On frappe sur la nouvelle tour et que celle-ci ne s’y trompe pas, il n’y a aucun amour derrière ce châtiment! Parce que l’amour de Rock City passe plutôt par ses mots qu’elle met au service de son histoire et de ses gens. Ta duchesse dit avoir peur des chiens, mais pourtant, elle te caresse jour et nuit et t’aime profondément. Merci, Alix, de résister pour et avec les citoyens et citoyennes de Saint-Roch.
Salut à toi, Saint-Jean-Baptiste. Mon ex! (Le duché, pas la duchesse) On s’est aimés fort il y a longtemps, déjà , et je me suis souvenu pendant cette aventure pourquoi cet amour avait existé. Tes côtes, tes maisons, tes escaliers (quoique ça, pas tant que ça)! Mais malgré tout ça, c’est ta belle folie que j’avais oubliée! Une folie qui se cache parfois derrière des airs tranquilles, mais faut jamais se fier aux apparences! En plus, tu nous as montré qu’on peut apprendre avec humour! Merci, Nancy, de rappeler que le quartier est beaucoup plus que la rue Saint-Jean!
Finalement, salut à toi, Revengeance. Et là , je fais référence à plusieurs femmes – et un homme. Des femmes, qui, depuis l’été dernier, donnent des heures sans compter, sauf Sophie, pour faire en sorte que toutes ces duchesses, dont moi, ayons pu avoir cette tribune et cette liberté. Merci de casser ce moule royal qui voudrait que seules les apparences comptent. Merci de mettre de l’avant de l’humanité dans cette ère où l’on semble tout vouloir réduire à des colonnes de chiffres. La Revengeance n’a peut-être pas un gros compte en banque, mais elle a du cÅ“ur en tabarnak!