Vous avez pris une place immense dans mon parcours de vie. Je vous ai vus fragiles, anxieux, fantasques, insouciants, petits chats sauvages, petits chiens fous. Vous avez su m’apprivoiser, me toucher, me faire rire et pleurer. J’ai partagé vos secrets, vos joies, vos inquiétudes. Je vous ai vus grandir, vous m’avez fait grandir.

La traversée des migrants dans « Autour du dormeur de la plage »
Photo : Denis Baribault
Lors de mon tout dernier cours, je vous ai fait une proposition et vous avez joué le jeu, une fois de plus. Je vous ai demandé de recréer une scène de la pièce « Album de finissants », que nous venions tout juste d’aller voir ensemble au Théâtre Périscope. Des élèves se lèvent, un à un, et disent : « Je m’appelle (nom) et je voudrais (leur souhait) ».
Je ne pourrai malheureusement pas publier la vidéo sur mon blogue puisque seulement treize des vingt-six ont rapporté leur autorisation parentale. Je partagerai avec vous, toutefois, certains de leurs « Je voudrais ».
À travers les « avoir un chien » et les « rencontrer Gwen Stefani », il y avait aussi des « que l’argent ne soit qu’un détail dans la vie », « accepter mes imperfections », « être en paix avec moi-même », « régler tous mes problèmes », « la paix dans le monde », « avoir confiance en moi », « réparer mes erreurs », « que l’intimidation soit rayée de la planète », « qu’Odile soit heureuse dans sa retraite », « éteindre la douleur qui est dans mon cœur depuis si longtemps », « être heureuse », « que Odile, a reste », « revoir mon père » et « avoir un père ».
Nous avons pleuré, touchés par cet instant privilégié. Je vous ai dit, émue, que le théâtre, c’était ça pour moi. Que si j’avais fait ce travail pendant trente-trois ans, c’était pour des moments magiques comme ceux-là où des adolescents en quête de leur identité acceptent de s’ouvrir, de se mettre à nu, sans peur du jugement.

À l’école dans « Autour du dormeur de la plage »
Photo : Denis Baribault
Me reviennent en tête tous ces spectacles, ces matchs d’impro, ces courts métrages, ces Kinos à Saint-Casimir, ces séjours au Festival TransAmériques à Montréal…

Finale d’improvisation 2016
Photo : Denis Baribault
Je vous laisse sur un bref extrait de la production que nous avons montée l’an dernier, « Autour du dormeur de la plage ». Une création qui avait pour point de départ un magnifique texte publié par Stéphane Laporte sur le petit Alan Kurdi. Certains étaient réticents, ne comprenaient pas dans quelle galère ils s’embarquaient. Mais encore une fois, la magie du théâtre a fait son œuvre et ils ont découvert tant de choses sur eux, sur les autres, sur le monde. Ce moment a fait une différence dans leur vie et dans la mienne du même coup.
Merci à vous, mes étudiants Xx